Le prince des plaines by
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Summary:
Vertbois-le-Grand s'assombrit. Les forces de Sauron se multiplient dans le royaume. Les Elfes sylvains s'affaiblissent. Avant qu'il ne soit trop tard, avant que le monde ne s'écroule complètement, Thranduil envoie son fils explorer la Terre du Milieu. Legolas n'a jamais quitté sa forêt. Le prince voyage et se joint aux Rangers du Nord, et son chemin croise celui des fils d'Elrond.
Elladan le suit.
Elladan/Legolas
Canon Source: Lord of the Rings
Major Characters: Elladan, Legolas Greenleaf
Major Relationships: Elladan/Legolas
Genre: Hurt/Comfort
Challenges:
Rating: Teens
Warnings: Sexual Content (Moderate)
Chapters: 1 Word Count: 3, 630 Posted on 7 September 2022 Updated on 12 September 2022 This fanwork is complete.
Le prince des plaines
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Devant lui se dressaient les montagnes d’Angmar, fières et sombres, sinistres et magnifiques. Leur spectre masquait l’horizon, rappelant la colossale chaîne du Mordor où la mort se parfumait de promesses doucereuses.
Des mèches rebelles, entraînées par la fougue du vent, s’échappaient de son chignon serré, indomptables filaments d’argent. Elles étaient presque libres comme l’air.
Voilà plusieurs mois qu’il avait quitté sa terre natale.
Il était venu avec sa jument, mais le royaume sylvestre manquait à sa monture. Il l’avait laissée repartir auprès des siens.
Debout, face à cet inconnu maintenant connu, le prince se laissait bercer par les souvenirs.
Lui qui n’avait jamais connu autre que la forêt s’était vu proposer par son père un grand voyage. Les forces du mal et de la terreur calcinait de plus en plus les arbres de son royaume; les prédateurs rôdaient et pénétraient profondément dans son domaine; son peuple, affaiblit par la noirceur, s’effondrait. Le goût de la fin s’était incrusté dans sa bouche et y avait laissé une blessure qui ne cicatrisera jamais. Avant qu’il ne soit trop tard et que tout s’effondre, le roi Thranduil lui a dit d’explorer le monde.
Les elfes connaissaient le deuil, mais peu connaissaient la mort.
Son père fût témoin d’un massacre sans précédent de son peuple et de son territoire. Par la suite, une étendue presque aussi grande que les pays connus de la Terre-du-Milieu, fut enterrée sous les eaux du Seigneur de la Mer. Son père et son grand-père, avec les survivants du carnage des Fëanoriens, eurent migré vers l’est, et furent accueillis par les populations autochtones de ce qui deviendrait Vertbois-le-Grand. Son grand-père fût proclamé roi. Les survivants sindarins enfin purent pleurer leurs morts. Si leurs proches se trouvaient en Mandos ou en Terres Immortelles, Doriath et ses arbres nageaient dans le néant.
La guerre contre Sauron eût coûté le deux-tiers de Vertbois-le-Grand et son grand-père. Son père devint roi à son tour. Il n’avait jamais rencontré son grand-père. Il savait qu’un jour il succomberait à l’appel de la mer et naviguerait à l’ouest jusqu’à Valinor. Il n’avait jamais fait connaissance avec ses parents biologiques non-plus. Du moins, il ne s’en rappelait plus. Les parents du prince, tous deux guerriers et amis proches de son père, eurent succombés contre les forces du Seigneur des Ténèbres. Ce furent des Ents qui l’eurent protégé. Ils eurent senti que ses parents fussent partis en Mandos et eurent retrouvé le roi déchu avec le bébé en main. Le nouveau monarque eût délicatement pris le poupon dans ses bras et l’eût collé contre son sein, acceptant l’enfant comme le sien.
La défaite régnait, mais l’espoir naissait.
Le prince ressemblait un peu au roi des Elfes. Tous deux partageaient la même chevelure blonde aux reflets argentés et des yeux brillants comme l’azur. Les deux excellaient au tir à l’arc. L’un était grand, fort, imposant; l’autre, plus petit, plus mince, plus agile.
Le prince et le roi aimaient leur royaume plus que tout sur Arda.
Ils vénéraient Elbereth, Yavanna et les autres Valar, certes, mais ils célébraient avant tout les fleurs, les arbres, les animaux, la vie. Ils écoutaient le chant des rivières, le bruissement des feuilles, les moqueries du vent; suivaient les conseils de l’ours, du hibou et du loup; chantaient la langue des oiseaux; dansaient sous la lumière de la lune; remerciaient le soleil et la pluie. Les sociétés vanyarines et noldorines des Terres Immortelles marquaient leur réputation par leur raffinement et leur grandeur. Les elfes sylvains, eux, ne se distinguaient point de la nature. Ils étaient la nature.
Le prince s’était déraciné de son royaume pour traverser l’horizon, l’esprit allègre et le corps au vent. Tout autour de lui s’allongeaient les plaines du nord d’Arnor. Il n’avait jamais mis les yeux sur un tel paysage. Il posa la main sur son cœur; sa forêt lui manquait.
Son père, un jour, lui avait demandé s’il était épris du désir de parcourir le monde. L’elfe avait haussé les épaules; parfois non, parfois si? Le roi avait posé sa main sur sa joue et avait dit, le regard grave, qu’il ne restait plus beaucoup de temps avait que les ténèbres ne dévorent le royaume. Il fallait songer à partir au courant du millénaire. Le nord était sauf, les Rangers surveillaient leurs frontières et les protégeaient de toute invasion des Orcs.
Il avait acquiescé. Son père avait raison. Pourquoi ne pas partir alors qu’il était temps?
«Legolas !»
Ce dernier se retourna, tiré de ses pensées. Elrohir, le fils d’Elrond, lui faisait de grands signes de la main. «Viens !», cria-t-il. «Nous partons, et les Rangers sont impatients.» À droite d’Elrohir se tenait Elladan, son jumeau. Il regardait le prince d’un œil amusé, les bras croisés. Il avait suivi le prince lorsque celui-ci avait décidé de partir en retrait du groupe pour méditer sur ses pensées. L’elfe des bois était resté immobile pendant presque une heure. Son compagnon l’avait observé durant la même heure. S’il ne le connaissait pas, Elladan se serait morfondu. Rester immobile en regardant les environs pour longtemps était une spécialité du caractère mélancolique et contemplatif de Legolas.
Elladan et Elrohir avait décidé de retrouver leur frère Aragorn et les Dúnedain afin de chasser les Orcs par vengeance. Les créatures du Mal, de nombreux siècles auparavant, avait capturé et torturé leur mère bien-aimée. Cette dernière ne s’en était jamais remise et avait quitté Fondcombe pour les Terres Immortelles. Ils étaient poussés par un fort désir de justice.
C’était par pur hasard qu’ils s’étaient retrouvés sur le chemin de l’elfe sylvain vagabond. Legolas ne semblait ni troublé ni blessé, seulement prisonnier d’un autre monde. Il était guidé par les vents du Seigneur Manwë, qu’il avait murmuré de sa douce voix rêveuse. Il ne suivait rien de particulier ni ne savait quelle direction prendre. Il parcourait le monde, comme ça.
C’était un elfe étrange.
Il parlait peu, s’émerveillait des montagnes autour de lui tel un enfant, communiquait avec les arbres, soupirait de plaisir sous les caresses du soleil, parfois s’exclamait pour des choses qui fussent sembler futiles aux autres. Les Dúnedain avait exprimé leur réticence à l’accueillir au sein de leur groupe. N’était-il pas le prince du royaume sylvestre? Il semblait si jeune et si fragile. Que se passerait-il si le prince périssait ? Le roi avait résisté Dol Guldur en ses terres, ils savaient que son courroux serait digne de celui de Morgoth. Elladan et Elrohir, en revanche, ne pouvaient laisser derrière eux un des leurs. Ils avaient plaidé en sa faveur.
Legolas fit ses preuves le jour où ils croisèrent un groupe de mercenaire. Ses flèches frappaient avec fatalité sans rien manquer.
Le feu de l’action jamais n’ébouillantait point le sang du prince. Il tirait avec résignation. Il semblait blasé, même.
C’était un elfe étrange.
Un homme cria, gesticula et montra au loin une horde d’élans. Les hommes et femmes sourirent. Ils s’approchèrent, aussi furtifs que des félins, préparèrent leurs flèches et s’accroupirent dans les herbes hautes, attendant le signal de leur chef. Soudain, le plus gros des élans s’effondra. Un deuxième. Et puis un troisième, un quatrième et un cinquième. La horde, paniquée, se dispersa et se précipita vers les bois. Les Dúnedain se retournèrent; derrière eux, Legolas avait son arc en main, un petit sourire de satisfaction aux lèvres. Les Rangers lui lancèrent quelques mots de remerciement dans la langue des elfes. Le prince sylvain haussa les épaules, désinvolte, et partit en direction des corps abattus.
– Tu accordes normalement aux hommes la joie de chasser leurs propres proies, remarqua Elladan. Pourquoi as-tu participé cette fois-ci ?
– J’ai eu peur que l’on rate nos cibles. Il n’y avait ni juvéniles ni vieillards dans cette horde, ils étaient tous en bonne santé et donc, difficiles à abattre, expliqua Legolas.
Son timbre était neutre, mais ses yeux étaient voilés par une détresse lointaine. Le fils d’Elrond fronça les sourcils, mais n’ajouta rien. Il savait que Legolas ne pensait pas à la chasse. Il savait aussi que presser son ami ne résulterait à rien, et se contenta de glisser une main le long de son dos. C’était un remerciement. L’elfe des bois ne réagit pas. Elladan garda sa main proche de la taille du prince, presque possessif.
Le repas fût délicieux cette soirée-là. Les surplus de viande fumaient, les peaux, os, nerfs, organes et tendons étaient nettoyés et apprêtés, prêts à être transformés en outils et objets.
Aragorn vint s’asseoir proche de Legolas.
– Il y avait longtemps que j’avais mangé autant, commença-t-il. Merci mon ami.
– Tout le plaisir est pour moi, sourit Legolas qui s’affairait à attacher des languettes de cuir aux bois d’un jeune élan; il désirait s’en parer la tête comme une couronne.
– Je sais que les elfes ne dorment pas autant que les humains, mais n’oublie pas de te reposer. Si nos calculs sont bons, nous atteindrons un camp d’Orcs demain. Il risque d’y avoir beaucoup d’action.
Sur ces mots, Aragorn lui tapota amicalement le genou et partit en direction de l’une des tentes du campement.
Le prince, après un moment, jeta un coup d’œil autour de lui et se rendit compte que le noir de la nuit était tombé. Il ne restait plus que lui et le doux crépitement du feu. Il attacha sa couronne de bois d’élan sur sa tête. Elle était ajustée et solide. Parfait. Il décida de la garder pour l’offrir à son père une fois de retour au bercail.
La tente d’Elladan n’était pas bien loin. Il pourrait le rejoindre. Il n’en fit rien; jamais l’elfe sylvestre ne fléchissait sous les avances. Pas pour le moment. Il ne pouvait pas.
Il saisit de la terre qu’il saupoudra sur son visage. Il inhala et s’enivra de son odeur, se laissant tomber contre le sol. Au-dessus de lui s’étendait l’immensité de la robe d’Elbereth. Il s’endormit sous les jupes d’une mère qui lui était familière. Les étoiles, disait-on, portaient conseil.
La mission fût un succès et les pertes négligeables. Tous les Orcs furent abattus et l’or volé était à présent en possession des Dúnedain qui allaient le distribuer aux familles les moins nanties de leur village. Quelques-uns pansaient leurs blessures sous l’oeil attentif d’Aragorn et d’Elrohir.
Un homme manquait à l’appel. Il n’avait su échapper au coup fatal qui lui avait porté. Ceux qui étaient restés au campement creusaient la terre et rapatriaient les possessions du défunt. Une cérémonie en son honneur serait donnée. L’amertume embrassa la bouche du prince; c’était le troisième mort depuis son arrivée chez les rangers. Le premier était un jeune enfant du village, emporté par la maladie. Le deuxième, une jeune femme avec qui Legolas s’était lié d’amitié. Lui qui connaissait les mœurs des rares humains de sa contrée et des villes avoisinantes ne savait rien des hommes et femmes des terres étrangères. Ce fut elle qui lui ouvrit les bras pour l’initier à sa culture et lui a enseigné sa langue. Fougueuse, elle participait à la chasse aux orcs, jusqu’à ce qu’un Orc ne la chassât. Et lui prit la vie. Elle n’avait pas plus que trente printemps.
Un gémissement s’arracha de la gorge de l’elfe des bois. On lui avait retiré la flèche qui traversait son mollet.
– N’aie crainte, mellon nín, le rassura Elladan. Cette flèche n’est pas empoisonnée, mais tu risques de ne pouvoir marcher pendant plusieurs jours, j’en ai peur.
Legolas hocha la tête, quoique dénué de conviction. Il sentit les mains fortes du peredhel faire pression sur sa plaie, puis la banda. Les mains ne quittèrent pas sa jambe immédiatement, mais il ne s’en plaignit pas. Il sentit une pression légère monter jusqu’à son genou, puis sa cuisse. Il soupira, la tête lui tournait affreusement. Il perdit connaissance.
Lorsqu’il se réveilla, il était seul. Des voix se faisaient entendre tout bas à l’extérieur de la tente. Les jumeaux et Aragorn discutaient entre eux en quenya, se croyant à l’abris des oreilles indiscrètes. Le prince eût appris les rudiments il fût longtemps, et ne put discerner tous les mots, mais comprit que les peredhil songeaient à retourner voir leur père et leur sœur à Fondcombe, et désiraient qu’Aragorn les rejoigne. Malgré leurs protestations, Aragorn s’acharnait à rester auprès des Dúnedain.
La porte s’ouvrit et se referma, et des pas légers d’elfe parcoururent la tente. Elladan se dévêtit, ne gardant que ses pantalons de lin, et s’allongea à côté de Legolas. Ce dernier se retourna et scruta le visage du fils d’Elrond de ses grands yeux bleus. Le peredhel déposa ses doigts derrière l’oreille de l’elfe sylvestre.
– Viens avec Elrohir et moi à Imladris. Notre père sera heureux de te voir, et puis tu pourras écrire à Aran Thranduil pour lui dire que tu es parmi les nôtres, chuchota Elladan.
– Tu m’invites tout simplement parce que derrière ton apparente hospitalité, tu meurs d’envie de me forcer à porter des vêtements traditionnels noldorins, rétorqua Legolas, son souffle chaud contre les lèvres du métisse.
C’était une blague qu’ils avaient entre eux depuis que Legolas était enfant, alors qu’il était chez Elrond avec son père et avait fait une crise—et de surcroît, honte à Thranduil—parce qu’il refusait tout bonnement de porter une robe noldorine. Les jumeaux ne rataient jamais une occasion de lui rappeler ce bien charmant épisode.
– Au moins ils ne sentiront pas la cendre, la poussière et la sueur, sourit le fils d’Elrond.
– Comme si. Je suis un elfe; je ne sue point. Vous qui possédez du sang d’homme, en revanche…
– Tes vêtements sont tout de même répugnants. Comme les miens, d’ailleurs. Allez! S’il te plaît! Viens, implora son ami.
Legolas acquiesça. Il était difficile de refuser quoi que ce soit à son ami. Il ressemble aux portraits de l’ancien roi de Gondolin sous cet angle, songea Legolas.
Il n’avait visité la cité cachée que lorsqu’il était un bambin. Il ne s’en souvenait guère. Son père lui avait raconté qu’il désirait dormir avec Arwen et s’était épris de l’elleth. Il vouait toujours pour la Fille du Crépuscule une grande tendresse et admiration, bien que ses sentiments amoureux de petit elfe se soient évaporés avec le temps.
Elladan risqua une main baladeuse le long du dos du prince et descendit jusqu’à sa taille, comme il le faisait de temps à autre, mais n’osa explorer plus bas. Legolas enfouit sa tête contre son épaule.
Ils partirent le lendemain. Les Dúnedain laissèrent à Legolas le cheval du défunt en guise de remerciement pour son aide au cours des derniers mois. L’elfe des bois se lia d’amitié avec la pauvre créature qui avait perdu son maître. Il lui susurrait à l’oreille des paroles dont la signification n’était connue que par les habitants du royaume sylvestre. Ils s’arrêtèrent de village en village, campèrent régulièrement. Legolas fut rapidement remis sur pied et prêt à combattre Orcs et ennemis se trouvant sur leur chemin.
Après plusieurs longues et éreintantes semaines de voyage, ils enfin posèrent pieds à Imladris, la cité secrète du Seigneur Elrond. Celui-ci les accueillis à bras ouverts.
– Legolas, mon garçon! Comme tu as changé, voilà maintenant un adulte!
– Ada, tu dis cela à chaque fois que tu le vois, rigola Arwen qui se trouvait derrière lui.
La jeune peredhel serra ses frères et le prince dans ses bras, heureuse de les retrouver sains et saufs. Les yeux de l’elfe des bois parcoururent les colonnes qui soutenaient le plafond; si l’architecture prenait une forte teinte noldorine, elle était néanmoins immanquablement elfique. Il se sentit chez lui.
– J’y pense, lança Elrond, nous n’avons pas de chambre d’invités prête. Legolas, je suis désolé, cela ne te dérangerait pas de…
– Il peut dormir avec moi, l’interrompit Elladan.
Le seigneur le consulta du regard. À côté de lui, Legolas hocha la tête.
Elrohir ne dit rien. Il connaissait les émois et les blessures de son frère. Aussi grands les sentiments d’Elladan fussent-ils, jamais le cœur de Legolas ne sera libre pour un autre. Le cœur de Legolas était dévoué à son peuple et son royaume, tout comme son père. C’était ainsi.
« Que vas-tu lui dire », chuchota Arwen à l’oreille de son frère.
Elle savait. Elrohir lui répondit par un haussement d’épaules las et résigné. Il ne voulait pas blesser son frère, mais ne voulait pas le voir s’enfoncer dans les faux espoirs. Elrohir et Arwen regardèrent Elladan discuter avec animation avec leur père et Legolas, qui, pendant ce temps, était déterminé à poser les bois d’élan sur la tête de Lindir qui venait de les rejoindre.
Arrivé à l’automne, Legolas resta à Fondcombe jusqu’à la fin de l’hiver.
La neige se posa sans presse sur le corps nu du prince. La fenêtre, grande ouverte, laissa libre-court aux flocons qui valsaient avec cet enthousiasme dont seule la dernière véritable neige de l’hiver était armée. Les cristaux de glace légère embrassaient la peau de l’elfe pour ensuite fondre le temps d’un soupir.
Elladan, appuyé contre le cadre de porte, admirait le spectacle. Legolas, la peau immaculée et les cheveux argentés, ne faisait qu’un avec cette robe d’hiver. C’était un prince. C’était un elfe des bois à l’image du royaume perdu de Doriath.
C’était un elfe sauvage.
Le peredhel s’approcha, les pas doux et silencieux comme ceux d’un danseur, et passa le bras autour de la taille du prince, les lèvres contre son épaule, et goûta à la chaleur de son corps. Legolas se retourna et déposa langoureusement les bras autour du cou de son ami, la bouche moqueuse et le regard enivré. Elladan l’embrassa, et l’embrassa encore et encore jusqu’à ce qu’il perdît le fil du temps. Des mains parcoururent son corps, défirent son pantalon, caressèrent là où c’était chaud. Il s’aggripa à Legolas comme si c’était la dernière fois. Un gémissement étouffé puis, l’union achevée.
La neige avait fondu. Les fleurs perçaient, timidement aux abords, avec détermination ensuite, la terre pour y recueillir la lumière du soleil. La terre, fraîche et jeune, sentait bon la vigueur du printemps.
– Tu pars, n’est-ce pas ?
– Oui.
Elladan soupira, le front adossé contre la fenêtre. Legolas, doucement, glissa sa main contre sa joue et tourna la tête de son ami vers lui.
– N’aie crainte, nous allons nous revoir. Tu viendras chez moi. Les araignées sont quelques peu géantes, mais elles sont faciles à abattre. Mon père risque certainement de traiter Elrond de fou pour t’avoir laissé venir, mais ne t’en fais pas.
– Aragorn est avec les Dúnedain; Arwen se prépare à partir chez mes grands-parents à Lothlórien; tu rentres chez toi; Elrohir part souvent en expédition avec Glorfindel; et moi… je m’enferme souvent dans la bibliothèque. C’est un court voyage.
– Un voyage paisible, si tu veux mon avis, gloussa Legolas. L’invitation restera toujours valide.
– Les tiens te manquent, n’est-ce pas ?
– Oui. Beaucoup.
Le regard de l’elfe des bois était tendre.
Legolas quitta Fondcombe quelques semaines plus tard. Son voyage tirait à sa fin. Enfin, il revenait chez lui. Quelque part au fond de son être, quelque chose lui chuchotait à l’esprit qu’il reviendrait durant les siècles à venir. Ce n’était pour lui qu’un au revoir.
Pour Elladan, c’était le deuil de l’être qui lui filait entre les doigts.
La place de Legolas était dans les bois.
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