Maudits silmarils : maudit AU by Dilly

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L'archéologie II


L'archéologie II

 

Essayer de suivre un documentaire historique avec Belin était toujours une épreuve pour les nerfs. Le boulanger passait son temps à faire toutes sortes de commentaires plus farfelus les uns que les autres.

D'où vint la brusque éclosion de la civilisation égyptienne ? Quels furent ses mystérieux fondateurs, et d'où venaient-ils ?

Eric fourragea machinalement dans le paquet de chips, et ce faisant, il constata que son colocataire restait interdit, l'index au bout des lèvres... Il réfléchissait.

« C'est p't'être  », finit-il par oser, ses grandes mains ouvertes.« C'est p't'être… »

Eric plissa les yeux.

« …l'Hippopotamie ! » termina le blond.

« Mais c'est une obsession !!!  »

 


 

En arrêt devant les portes vitrées qui donnaient accès au bâtiment massif débordant de fioritures, Belin semblait hésiter. Plusieurs fois il fit le tour du quartier, pour au final revenir se poster devant l'entrée, ne pouvant manquer les cohortes de touristes qui, moins scrupuleux que lui, s'engouffraient sans tergiverser dans le hall d'accueil.

Il hésita encore, timide. Il n'osait pas… A nouveau, il jeta un regard, furtif et envieux, à l'enseigne pleine de promesses, lettres blanches sur un fond nuageux noir et blanc. Il baissa les yeux, serra la bandoulière de son sac.

Finalement, prenant son courage avec lui, il entra, passant sous l'écriteau qui indiquait : MUSEE DU LOUVRE.

Dans la salle remplie de sculptures dans laquelle il aboutit d'abord, le jeune boulanger ne put s'empêcher de constater à haute voix, devant un marbre grec : « Tout d'même, c'est bien fait ! »

Une autre statue, représentant Apollon, lui fit alors remarquer qu'elle avait la même forme de fesses que celles de son colocataire, excepté qu'elles étaient en pierre.

Mais ce n'était pas pour cela qu'il était venu. En dépit du plan qu'il avait pris avec lui, il ne se trouvait pas au bon endroit. Alors, avisant un homme en costume bleu et badge assis sur une chaise, il lui demanda :

« Excusez-moi monsieur, je cherche l'Hippopotamie. »

Le gardien de salle ne répondit pas d'abord, comme interdit. Puis il demanda :

« Vous cherchez quoi ? »

« Gilles Gamesh », précisa Belin.

« Ah, les Antiquités Orientales ! C'est par là monsieur... »

Quelques minutes plus tard, Belin franchissait le seuil d'un autre monde. Et l'émotion le submergea, tandis qu'il découvrait ces objets qui avaient traversé les siècles, et même des millénaires, créés jadis par d'autres humains, dans un croissant.

« J'n'arrive pas à l'croire, qu'ce soit si vieux ! », confia-t-il impromptument à un visiteur.

Puis il poursuivit sa visite, pour finalement tomber en extase, face aux deux taureaux androcéphales ailés de Dur-Sharrukin.

Un peu plus tard, on le vit entrer dans une boutique du musée, puis en ressortir avec un sac...

 

De retour chez lui, il montrait sa trouvaille à son colocataire. C'était une statuette, qui ressemblait à un sphinx ailé, mais dont la tête surmontée d'une toque était abondamment barbue et souriante. Elle avait quatre pattes fines, dont le mouvement donnait l'impression qu'elle gambadait.

« C't'une antiquité », fit Belin pour tout commentaire.

« Ça ? », répondit Eric en retournant la statuette pour en montrer l'étiquette. « C'est made in China. »

 

Belin parut vexé, dans un premier temps. Mais quelques jours plus tard, le shedu mésopotamien trônait fièrement sur l'unique étagère de sa chambre.


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