Maudits silmarils, livre 1 by Dilly

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La cosmétique

Parce que les elfes le valent bien.


Ce chapitre regroupe divers drabbles autour du thème de la cosmétique.

 

Chapitre 29 : La cosmétique

 

 

L'esthétique (1)

 

Tous les matins, dans la lumière de sa petite terrasse, Ecthelion de la Fontaine coiffait son écuyer avant qu'ils partent pour la caserne.

« Vous avez de beaux cheveux, tout de même », dit-il un jour, tandis qu'il lui faisait ses tresses. « Ils ne sont pas tous très dorés comme ceux de Glorfindel, mais il y a du doré foncé en dessous et des mèches plus froides sur le dessus. De plus ils font des ondulations quand on ne les brosse pas. »

« Pourtant j'trouvons les ch'veux raides plus beaux messire. »

« Il y a un proverbe qui dit que l'on aime souvent son contraire », dit doctoralement Ecthelion. « Cela doit s'appliquer aussi aux cheveux. »


 


Salgant

 

« Messire… », s'enquit Belin. « Cet elfe, pourquoi n'est-il point comme les autres ? »

Il désignait Salgant, le seigneur de la maison de la Harpe, un elfe lourd et trapu, au teint bilieux.

« Oh, lui, il a une sorte de maladie », répondit Ecthelion.

« C'est une maladie d'être laid, messire ? », s'étonna Belin.

« Chez les elfes, oui. »


 

 

La cosmétique

 

« J'ai quelque chose pour vous », avait dit Ecthelion quelques mois plus tôt.

Il tendit à son écuyer une brosse à dents toute neuve, sculptée dans du bois d'acacia.

« Merci mon sire. »

Le fils de meunier prit la brosse à dents, l'air interrogateur, puis regarda le seigneur elfe, cherchant sur son visage une indication sur l'usage de cet instrument.

En conséquence de quoi, il se mit à se brosser les sourcils.

« Par Eru ! Mais ce n'est pas pour les sourcils », s'exclama Ecthelion, l'air tout à fait sérieux. « Non, pour les sourcils, il y a le peigne à sourcils, les ciseaux crantés, les pinces à embout large ou fin, et le rasoir à sourcils. »

Belin le regardait avec un air incrédule.

« Mais vous n'êtes pas obligé de les utiliser. Glorfindel les a toujours impeccables, mais moi je ne le fais quasiment jamais.»

 

* * *

Belin fit bientôt des séances de marche avec des livres sur la tête, sous le contrôle d'Ecthelion, et il s'habitua à aller aux thermes avec son seigneur.

« Un elfe se doit d'avoir toujours des ongles propres et bien soignés quand il n'est pas à la bataille », déclara solennellement Ecthelion alors qu'ils profitaient des bains chauds.

Belin regarda ses mains aux doigts larges, aux ongles plats noircis.

« Qu'est-ce qu'il faut donc qu'je fasse mon sire ? »

« Il faut les brosser avec une brosse à ongles et du savon. »

« Encore une autr' brosse ? »

« Oui. Comme cela. Puis il faut vous limer les ongles et les masser avec de l'huile. Vous pouvez le faire faire ici, aux thermes. Il y a des gens qui sont spécialisés là-dedans. »

« C't'est bien compliqué messire. J'pouvons pas juste m'les couper avec des ciseaux ? »

« Non, après ils vont avoir des bouts pointus. Et puis vous vous les coupez trop court ou pas assez. Je vais vous montrer comment il faut faire. »

 

* * *

« Ah… », soupira le roi, qui s'était affalé dans un petit bain à remous, qu'il partageait ce jour-là avec son grand connétable.

« Il y a Ecthelion dans le grand bain, avec son écuyer », fit remarquer Glorfindel.

« Ah bon ? »

Turgon étira la tête. Le bain à sulfure était légèrement surélevé par rapport au bassin principal, et d'où il se trouvait, il pouvait voir Belin de dos, et Ecthelion devant lui, qui bougeait les bras.

« Qu'est-ce qu'ils font ? », s'enquit le roi.

« Je crois qu'il lui masse les cuticules », dit Glorfindel.

« Les QUOI ? »

« Les cuticules. Les petites peaux sur les doigts. »

« Ouf ! J'ai eu peur. »

« Qu'est-ce que vous croyiez ? »

« Rien », répondit le roi. « Qu'est-ce que vous croyiez que je croyais ? »

« Rien », répondit Glorfindel.


 

La beauté

 

« Messire, comment ça se fait qu'votre peau elle est comme ça ? On dirait qu'elle brille, comme de la nacre... »

« J'en sais rien. J'suis né comme ça », maugréa Ecthelion.

« Et vos yeux, on dirait des pierres précieuses... »

« Mais vous allez arrêter à la fin ? Vous croyez qu'j'l'ai fait exprès, d'être comme je suis ? J'ai pas eu de chance, c'est tout. »

« Moi j'aimerais bien être comme vous. Au moins, les femmes-elfes voudraient bien m'prendr' pour époux. »

« Mais vous êtes très bien, une fois lavé et peigné. Vous faites un complexe d'infériorité, c'est tout... »

« Un quoi messire ? »

« Un complexe d'infériorité. C'est quand on pense qu'on est inférieur à ce que l'on est réellement. »

« Mais même en prenant c'que j'sommes réellement, j'sommes tout d'même inférieur messire. »

« La beauté, c'est subjectif. »

« Comment ça ? »

« Subjectif, ça veut dire que cela dépend du point de vue. »

Belin se gratta le front.

« Selon la personne, les critères de beauté changent. »

« Les critères ? »

« Les règles, les goûts... Les gens n'ont pas les mêmes goûts. »

« Pourtant tout le monde pense que vous ou la princesse Idril vous estes les plus beaux ! »

« C'est parce que leurs goûts sont des clichés. Ils pensent que les gens doivent ressembler à de l'orfèvrerie. C'est typique des Noldor. Les Sindar ne sont pas comme ça. »

« Mais les femmes Sindar me trouvent laid aussi messire. »

« La plupart des femmes sont idiotes. »


 

L'esthétique (2)

 

L'elfe et l'humain élevèrent leur avant-bras et les placèrent côte à côté, pour les comparer. Celui d'Ecthelion était de couleur blanche, avec des poils noirs fins et clairsemés. L'avant-bras de son écuyer était plus rose et foncé, et couvert de poils blonds épais.

« Les miens sont plus drus et en plus grand nombre », constata l'humain.

« Oui mais ce n'est pas vilain », dit l'elfe. « En plus, ils brillent au soleil. »


Chapter End Notes

Cette fanfiction est également publiée sur Fanfiction.net et Archive of our own. (j'en suis au chapitre 42)


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