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Chapitre 5 : La Table Ronde
Les chefs de neuf Maisons de Gondolin étaient réunis autour de la Table Ronde, un superbe ouvrage de marqueterie divisé en douze parties égales, chaque triangle du diagramme représentant les symboles d’une maison.
Assis autour de cette table étaient réunis des seigneurs illustres. Il y avait le connétable Glorfindel, de la Maison de la Fleur d’Or, Egalmoth de l’Arc-en-Ciel, riche comme tous les autres membres de sa maison, Duilin de l’Hirondelle, l’agile archer, le puissant Rog, du Marteau de la Colère, Salgant de la Harpe, dit « le Laid », le voyageur Voronwë, de l’Aile, Galdor de l’Arbre, le jeune Echtelion de la Fontaine, et enfin Enerdhil de la Taupe, mineur et orfèvre.
« Pourquoi sommes-nous là ? », s’enquit alors Glorfindel, interrogeant des yeux les collègues qui l’entouraient.
« Parce que Fëanor voulait récupérer ses Silmarils ? », hasarda Egalmoth.
« Et qu’ensuite Fingon a foncé dans le tas sans réfléchir ? », poursuivit Rog.
« Et parce que Fingolfin voulait faire du patin à glaces ? »
« Non, je voulais dire, pourquoi sommes-nous là, aujourd’hui ? », précisa Glorfindel.
Egalmoth fit un geste excédé de sa main droite, plus baguée qu’un nuage de pigeons-voyageurs.
« Encore des choses ennuyeuses, comme les transferts de population depuis Vinyamar, ou bien le ponçage de la colline… »
« Quand est-ce qu’on aura le droit à un peu d’action ? », s’irrita Ecthelion.
« Qu’entendez-vous par action, exactement ? », demanda Glorfindel.
« Vous voyez bien ce que je veux dire… Des combats, des monstres, un prince à délivrer… Du classique, quoi. »
« Mais pourquoi un prince ? Et pas une princesse ? », s’étonna Enerdhil.
« Parce que chez les Noldor, les femmes ne sont pas stupides au point de risquer leur vie de manière inconsidérée », expliqua Egalmoth, « pour le prestige ou pour la possession d’un quelconque artefact. Conséquence de quoi, ce sont quasiment toujours des hommes qui sont faits prisonniers. »
« Ce qui rend la chose nettement moins intéressante », dit Glorfindel.
« Enfin… ça se discute », répliqua Galdor. « Parce qu’une fois délivré, le prince constitue une unité de combat supplémentaire utile pour le retour. »
« Tout dépend dans quel état il est », répondit le Connétable. « Le plus souvent, il est tellement affaibli qu’il finit sur la selle de votre cheval, et vous, à pieds… à porter les vivres et le butin. »
* * *
Turgon et Penlodh venaient de faire leur entrée. Le fils de Fingolfin s’installa à la place de la Maison du Roi, dont la chaise se trouvait devant la seule fenêtre de la pièce. Quant à Penlodh, il s’assit à la place de la Maison de la Tour de Neige, et posa ses dossiers sur celle du Pilier.
« Mes salutations », fit le roi. « Nous pouvons commencer la séance. Penlodh, quel est l’ordre du jour ? »
« La sécurité intérieure et le lissage d’Amon Gwareth, Majesté. »
Des soupirs se firent entendre.
« Glorfindel, ne vous appuyez pas trop sur la table », dit Turgon. « Et qu’entends-je ? Seraient-ce des soupirs ? Ecthelion, rendez-vous utile, pour une fois. Dites-moi quelle est la raison de ces visages mécontents. »
« Majesté, vous nous parlez de sécurité intérieure », répondit Ecthelion. « Pour ma part, j’aimerais plutôt que l’on parle insécurité. La qualité du papier de verre utilisé pour poncer de la pierre ne m’intéresse pas. »
« Je vous signale que c’est Ulmo qui m’a dit de poncer la colline. Vous serez bien content si un jour on se fait envahir, et que les orcs ne peuvent pas l’escalader ! »
« Peut-être… Mais en attendant, sauf votre respect, je m’ennuie à mourir ! »
« Comme vous dramatisez… Moi je vous trouve plein de couleurs. »
« Je pense que ce qu’Echtelion veut dire, avec l’impétuosité de la jeunesse qui est la sienne », fit Galdor, « c’est que peut-être nous pourrions passez un peu moins de temps sur certains sujets, et un peu plus sur d’autres. »
« Voyez-vous ça », grogna Turgon. « Et quels autre sujets ? »
« De l’aventure ! », s’exclama Ecthelion.
« De l’aventure… », répéta le roi, le visage incrédule. « Penlodh, vous avez un sujet d’aventure à leur proposer ? »
Le maire du palais compulsa ses feuillets.
« Voyons ça… Il y a le fils de votre cousin Angrod qui s’est fait enlever il y a deux semaines, pendant qu’il chassait. »
« Ah bon ? Comment il s’appelle déjà… Oro… quelque chose. »
« Orodreth. »
« C’est moi ou il lui arrive toujours des embrouilles, à celui-là ? Bref. Un prince à délivrer… ça vous intéresse, ça ? »
Ecthelion hocha vigoureusement de la tête.
« Bon. Glorfindel vous irez délivrer Orodreth. »
« Quoi ?! », barrit Ecthelion.
« Quoi, quoi ? Je tiens à ce qu’on me ramène mon neveu en un seul morceau. Et qu’il n’y ait pas au bout de quelques temps une seconde personne à délivrer. Et ce n’est pas la peine de bouder. Tant que nous y sommes, il y a d’autres réclamations ? »
« Oui Majesté », déclara Egalmoth. « Pourquoi certains d’entre nous ont le droit de diriger deux maisons au lieu d’une seule ? »
« Vous pensez à quelqu’un en particulier ? »
Tous les regards se tournèrent vers Penlodh, dont le sourcil gauche se haussa.
« Y’a des chouchous… », murmura-t-on.
« Si vous tenez à doubler votre charge de travail, Egalmoth… », moqua Turgon.
« Il n’est pas question que de charge de travail », précisa Egalmoth. « Il y a aussi la perception des impôts. Et qui dit double maison, dit doubles impôts. »
« Des impôts ? Quels impôts ? », demanda Turgon.
« Les impôts nécessaires au fonctionnement de l’Etat, majesté », déclara Penlodh. « Mais je ne vois pas en quoi il serait profitable de percevoir le double d’impôts, à partir du moment où cet argent est légalement redistribué et utilisé, et ne finit pas sur les comptes occultes de banques naines de l’autre côté des Montagnes Bleues. »
Egalmoth pâlit.
« Serait-ce une accusation à mon encontre, vil bureaucrate ? »
* * *
Un quart d’heure plus tard, une dispute généralisée dans le plus typique style noldorin avait éclaté, et Turgon en profita pour sortir de la salle, tout comme Salgant. Au bout de quelques mètres, il avisa la silhouette trapue inhabituelle du harpiste.
« Oh, Méléagant ! Vous avez fui aussi ? », s’amusa le roi.
« Non, moi c’est Salgant, Majesté. »
« Veuillez m’excusez. Leurs aboiements m’ont donné mal à la tête... Quand je pense que c’est Ulmo qui m’a dit de construire une table ronde, où tout le monde serait égal… On voit le résultat. »
Il poussa un grand soupir.
« Salgant… Pourquoi sommes-nous là, au juste ? »
« A cause des Silmarils de votre oncle, mon roi. »
« Argh. Maudits Silmarils. »