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Yea more ! (Caranthir)
Chapitre 47 : Sword and sorcery
A la Table Ronde, Ecthelion se plaignait d'être resté si longtemps enfermé dans « ce puits », sans aucune quête ou aventure depuis plus de six mois.
« Ce puits ? », s'étrangla Turgon. « Ce puits ? »
Le jeune elfe hocha la tête.
« Ce puits, comme vous dites, c'est la réplique de Tirion dans la vallée de Calarciya, sur la verte colline de Túna ! La première grande cité des Eldar, au-delà des mers dans le Pays Béni, fondée par les Vanyar et les Noldor ! »
« Justement », répondit Ecthelion, « ça manque un peu d'originalité votre truc. »
« Mais si vous êtes pas content, pourquoi n'êtes-vous pas allé vivre chez Thingol, dans ses grottes ?! »
« Je suis d'accord avec mon confrère », dit Aredhel, qui s'était invitée depuis peu à la table ronde, à la place marquée par les armoiries de la Tour de Neige. « C'est bien joli, tout ça, mais au bout de cent ans, on a largement fait le tour du pâté de maison.»
« Vous êtes bien les seuls à vous plaindre », répliqua sèchement Turgon. « Et toi ma soeur, je ne t'empêche pas de retourner vivre avec Père. »
« Tu sais bien que je préfère encore rester ici que de devoir le supporter. Il veut toujours me trouver un mari et régenter ma vie. »
« Ben dites donc, on en apprend des choses... », constata Egalmoth, tandis que tous les autres chevaliers avaient l'air gêné d'assister à une telle discussion.
« Hum. J'aurais peut-être une proposition de mission à faire parvenir au sieur Ecthelion », déclara alors Penlodh.
« Très bien ! », s'exclama Ecthelion. « Moi, je suis toujours partant. »
« Enerdhil ici présent... a écrit à Caranthir... pour lui demander de se procurer un échantillon d'un minerai de fer particulier afin de forger ses épées. Caranthir lui a fait parvenir une réponse avec un prix. Nous aurions besoin de quelqu'un pour faire le voyage, et revenir avec la marchandise. »
L'enthousiasme d'Ecthelion retomba d'un coup.
« Je ne suis pas un banal convoyeur... », argua-t-il. « Où est l'aventure là-dedans ? En plus, je n'aime pas trop aller chez Caranthir. »
« Il est désagréable, n'est-ce pas ? », dit Turgon.
« Non... Mais quand nous sommes allés chez lui, il nous faisait tout payer... Il nous a même fait payer la chambre dans laquelle nous avons dormi ! »
« Voilà qui est indélicat », dit le roi. « Mais ça ne m'étonne pas du tout de lui. Déjà qu'il taxe toutes les marchandises qui passent par le Thargelion... On dit aussi qu'il prête de l'argent à des taux faramineux. »
Egalmoth se frotta la nuque.
« Je ne vois pas où le problème... », dit le marchand. « Il fait des affaires, c'est tout. »
« Bien sûr que vous ne voyez pas où est le problème », ironisa Penlodh.
« Alors vous ne commencez pas, je ne suis pas d'humeur aujourd'hui ! », répliqua Egalmoth.
« Pourquoi ? Vous n'avez gagné que 10 000 fingolfins d'argent ce matin ? », répondit l'intendant.
« Dites donc, c'est drôlement efficace, ces réunions », constata Aredhel. « On y fait quelque chose de constructif, mis à part critiquer les fils de Fëanor et se tirer entre les pattes ? »
« J'approuve tout à fait Aredhel », déclara Ecthelion. « J'aimerais d'ailleurs qu'on revienne au sujet le plus important : ma mission. »
« Hélas, Seigneur Ecthelion », répondit Penlodh, « je n'ai aucune autre mission à vous proposer que celle dont il a déjà été quest... Argh ! »
Il venait de se prendre un reflet d'Egalmoth dans l'oeil.
« Ah ah ! »
« Allez, acceptez Ecthelion », dit le roi. « Ça vous sortira. »
Il ajouta dans l'oreille de Penlodh, qui se frottait les yeux : « Et comme ça on sera débarrassé de lui pendant au moins un mois. »
Le château de Caranthir était un gigantesque bâtiment aux arêtes aiguës rappelant la forteresse de Formenos en Valinor. Il avait été construit sur un éperon rocheux du Mont Rerir, devant le lac Helevorn, et les visiteurs de passage devaient monter des milliers de marches avant de parvenir jusqu'à sa Seigneurie Moryofinwë.
Dans le couloir qui menait à la salle du trône, Ecthelion et Belin croisèrent un elfe très noble d'apparence, accomplissant le chemin inverse au leur. Il avait de longs cheveux bruns, portait la livrée fëanorienne, et exhalait un parfum subtil. Il dépassa l’accesseur, puis Ecthelion, et ce dernier se retourna pour le regarder.
Belin fronça les sourcils.
« Messire... Venez ! », murmura-t-il en le tirant par la manche.
Ils passèrent la grande porte, et furent bientôt devant Caranthir, un elfe ombrageux de haute taille aux cheveux d'un noir intense, au visage sanguin et aux vêtements sombres. Il était assis sur un trône somptueux surmonté d'une étoile à huit branches. Huit... Comme Fëanor et ses sept fils.
« Seigneur Caranthir », annonça son intendant. « Voici deux visiteurs venus de Nevrast... Blondin et Etalon ! »
« Belin et Ecthelion », corrigea le seigneur de la Fontaine.
« Inutile de me présenter Ecthelion, fils de Kôrma », répliqua froidement le fils de Fëanor. « Qui est cet elfe étrange qui vous accompagne ? »
« Ce n'est pas un elfe », répondit Ecthelion. « Il s'agit de mon écuyer, Belin le Blond, l'humain qui m'accompagnait déjà lors de ma précédente visite. »
« Il a changé. Mais je vous écoute... Quel est l'objet de votre venue ? »
« Nous venons de la part d'Enerdhil, le forgeron du roi Turgon, pour l'achat de l'échantillon du minerai de fer. »
« Excellent... Très bien. Bien sûr, vous êtes mes hôtes pour la nuit, et pour le temps qu'il sera nécessaire à vos chevaux pour récupérer. Je rajouterai cela au montant de la transaction. »
Ecthelion grinça des dents.
Quelques minutes avant ce face à face, Caranthir se trouvait avec son frère Maglor, à qui il tendit un de ses livres de comptes. Le musicien en lut le titre, et fut très étonné.
« Nelyo * ? » (*= Maedhros)
« Oui... », confirma le cadet. « Nelyo m'emprunte de l'argent régulièrement... Tu étais au courant ? »
« Il ne m'en a jamais parlé. »
« Regarde le total. »
Maglor écarquilla les yeux.
« Tant que ça ? Il est vrai qu'il a fait construire de grandes catapultes récemment, mais ça n'explique pas ces sommes. »
« Et cela n'explique pas qu'il ne t'en ai pas parlé. Vois-tu, mon frère, je crois que Nelyo entretient une gourgandine. »
L'aîné fronça les sourcils et nia cette idée d'un mouvement de menton.
« Non... »
« Tu ne me crois pas ? Alors écoute ça : récemment, les Nains de Belegost, avec qui, tu le sais, j'entretiens un commerce fructueux, m'ont présenté un magnifique collier en mithril, dont la pierre sertie se trouvait être un unique diamant rouge. Autant dire que sa valeur était inestimable. Ils m'ont demandé de lui trouver un acquéreur... Devine qui s'est montré intéressé et l'a acheté ? Nelyo ! »
« Ce n'est pas possible. »
« Enfin, quand je dis acheté, il l'a surtout acheté à crédit. Et ce collier, il l'a sans aucun doute offert à une femme. Je suis convaincu qu'il s'est fait ensorceler par une de ces elfes sombres à la cuisse légère ! Derrière ses airs impitoyables, Nelyo a toujours été un romantique. Qui sait ce que cette ribaude ne lui demande pas en échange de quelques faveurs ! »
« Et que penses-tu de ces rumeurs qui le concernent... »
« Comme quoi il serait inverti ? Pff, je n'y ai jamais cru ! Ces ragots remontent à Valinor, ils ont commencé juste après le retour de Morgoth. J'ai toujours pensé que c'était lui qui l'avait lancée, ou alors Fingolfin, pour discréditer l'héritier de Père ! »
Maglor montra un sourcil dubitatif.
« Une partie de la rumeur dit qu'à Valinor... il jouait à Viens voir ma rame avec l'un des fils d'Olwë... Et qu'ici, il coucherait avec certains de ses écuyers. »
« C'est bien ce que je dis. Qui pourrait croire ça ? C'est complètement ridicule. »
« Messire... Ce Caranthir, il vous ressemble un peu je trouve », dit Belin, alors qu'il se trouvait dans leur chambre d'invité, peu après le dîner.
« Je ne vois pas en quoi », répondit Ecthelion en dénouant sa ceinture. « Je ne suis pas près de mes sous. »
« Point pour ça. La façon d'être... »
« Bof... En tout cas, il ne comprenait pas pourquoi j'ai insisté pour que vous dormiez dans ma chambre, et non avec les autres serviteurs. Mais je n'ai pas envie qu'ils vous auscultent de partout comme une curiosité. »
« Et vous mon sire, pourquoi vous ne voulez point m'ausculter ? »
« Je vous vois tout le temps tout nu je vous signale, je n'ai pas besoin de vous ausculter ! D'ailleurs il n'y a bien que devant moi que vous n'êtes pas pudique. »
Ils finirent de se déshabiller, enfilèrent les vêtements de nuit qu'on leur avait prêtés, et se glissèrent dans le haut lit.
« Je souffle la lampe », dit Ecthelion.
La chambre fut plongée dans une pénombre bleutée. En se tournant, Ecthelion toucha par mégarde un des pieds de Belin.
« Par Morgoth, vous avez les pieds froids comme la mort ! »
« Je ne trouve point. »
Quelques minutes s'écoulèrent. Ecthelion sentit soudain quelque chose de glacé remonter le long de son mollet et de sa tunique. Il sursauta.
« Mais arrêtez ça ! »
L'humain éclata de rire. L'elfe lui donna un coup d'oreiller. Un coup d'oreiller lui fut rendu. L'elfe se jeta sur l'humain pour l'attraper et commença à le chatouiller.
« Oh non, point ça messire, ça fait trop r... hihihihihihi ! »
Le seigneur de la Fontaine ne s'arrêta pas ; il s'aperçut qu'il éprouvait une grande satisfaction à chatouiller ainsi son écuyer, qui d'ailleurs n'était plus glacé mais tout chaud.
« Ça vous apprendra à me toucher avec vos pieds tout froids ! »
Et il remonta jusqu'au cou ; Belin n'en pouvait plus. Il finit par demander grâce par égard pour sa vessie qui menaçait d'exploser. Ecthelion le lâcha.
« Vous entendez ? », dit-il.
« Non... »
L'elfe se redressa, à l'écoute.
« Il y a quelqu'un qui chante. »
« Ah oui, j'entends maintenant... »
C'était une voix grave d'homme, bien plus grave que celle d'Ecthelion, parfaitement maîtrisée, et très forte.
« Quelle magnifique chanteur... », dit Ecthelion, en plein extase musical.
Belin croisa les bras, l'air mécontent.
Le lendemain, à midi, Ecthelion fut convié à la table du Sombre Caranthir, et il lui demanda qui était le chanteur qu'il avait entendu pendant la nuit.
« C'était sans aucun doute mon frère, le seigneur Maglor. Mais vous l'avez manqué. Il est parti ce matin à la première heure. Vous semblez déçu... J'ai entendu dire que vous aviez des talents de musicien. »
« Je pratique la flûte et quelques autres instruments. Mon père était un harpiste renommé, comme vous le savez. »
« J'aurais grande joie à vous entendre, si vous n'y voyez pas d'inconvénients ! Mais j'ai aussi une autre proposition à vous faire, qui contrebalancera peut-être votre déception. Vous m'avez dit rechercher l'aventure... Hé bien peut-être serez vous intéressé d'apprendre qu'il existe une lande d'altitude, au sud-est du lac, qui a vu disparaître plusieurs de mes hommes. Depuis, il n'y a plus aucun soldat qui veuille s'approcher de cet endroit. Ils l'ont même baptisé « Le val sans retour », car ceux qui vont de ce côté ne reviennent pas. Le seigneur Celegorm, qui connaît le langage des bêtes, m'a dit que des ragondins avec qui il avait discuté au bord de l'eau lui avaient assuré que la contrée était occupée par une sorcière. J'avoue que je ne l'ai pas pris au sérieux sur le moment. Toujours est-il que si cette affaire vous intéresse, je saurais vous récompenser grandement pour le règlement de ce problème. »
« Et comment ! », s'exclama Ecthelion. « Je suis votre elfe ! »
Après le repas, il fut décidé que les deux aventuriers mèneraient leur expédition pendant que leurs chevaux resteraient au repos dans les écuries fëanoriennes.
« J'ai vu que vous possédiez de grandes épées », dit Caranthir. « Mais qu'en est-il des armes à distance ? »
« Mon écuyer possède un arc », dit Ecthelion. « J'ai moi-même des poignards... »
« Ce n'est pas suffisant. Prenez cette arbalète pour votre quête. »
Ecthelion le remercia.
« Elle fut fabriquée par Curufin. Vous devriez avoir le niveau pour l'utiliser. Par contre, c'est une location bien sûr. »
Belin et Ecthelion partirent à pieds, vers le sud. Vers le milieu de l'après-midi, ils avaient dépassé les dernières habitations encore occupées.
La lande d'altitude était couverte d'une courte végétation sèche, essentiellement constituée de buissons de bruyère et de genêts. D'après Caranthir, le Val sans Retour se situait à deux jours de marche du lac Helevorn et de son château.
Ecthelion insista pour courir, mais le pauvre Belin, qui n'avait pas l'endurance d'un elfe, avait du mal à le suivre, et fit une crise d'hyperventilation à la fin de la journée.
« J'ai cru voir un bâtiment ressemblant à une grange », dit le seigneur de la Fontaine à son compagnon.
« Où ça ? J'n'vois rien ? »
« Juste là-bas, un peu en contrebas. »
« C'te caillou marron c'est t'une grange, messire ? »
Ecthelion secoua la tête de désespérance. Son pauvre écuyer avait beau se vanter d'avoir la vue perçante pour un humain, il lui apparaissait juste myope comme une taupe.
« On devrait pouvoir y être avant le coucher du soleil. »
Ils s'y rendirent en marchant, Belin étant trop fatigué. La nuit était presque entièrement tombée quand ils s'en approchèrent, et l'humain suivait son maître avec précaution.
« On dirait qu'elle est abandonnée messire. »
« Parfait ! Cela nous fera un bon abri pour la nuit. Venez ! »
Ils entrèrent dans la bâtisse en bois, encore remplie de ballots de foin.
« Vous n'aurez pas froid ici », déclara l'elfe.
A ces mots, il attrapa deux bottes qu'il défit, tandis que Belin se chargea de deux autres. Puis, après en avoir constitué un matelas épais, il s'étendit dessus, le bras gauche tendu en arrière, comme s'il attendait quelque chose. Belin vint s'étendre à côté de lui, avec les couvertures, qu'il remonta. Le bras gauche d'Ecthelion retomba sur lui mécaniquement, comme si il s'agissait à d'une vieille habitude.
« Bonne nuit messire », dit Belin avant de fermer les yeux, la tête collée contre la sienne.
« Bonne nuit », répondit Ecthelion.
Ils se turent, et leur visage resplendit de la béatitude de chats dormant l'un contre l'autre, baignant dans une chaleur mutuelle.
Au bout de cinq minutes, la voix de Belin s'éleva.
« Messire ? »
« Oui... »
« Non, rien. »
« Pourquoi rien ? », grogne l'elfe. « Maintenant que vous avez commencé, il faut finir.. »
« Non, ce n'est pas important... »
« Hin. Je suis sûr que c'est encore quelque chose de sexuel. »
« Non. »
« Alors dites. »
L'humain sembla hésiter... Puis il avoua tout de même :
« J'suis heureux avec vous messire. »
« C'est vrai ? »
« Oui. On était fait pour s'rencontrer. »
Le regard d'Ecthelion se perdit dans les poutres du plafond de la grange. Puis il se tourna vers Belin, ses cils noirs juvéniles s'inclinant au dessus de ses yeux bleus.
« C'est l'bon dieu qui l'a voulu », poursuivit Belin, « comme il a vu que vous n'aviez point d'frère, et que j'me sentais seul. Alors maintenant c'est comme si j'étais votre frère. »
Absorbés qu'ils étaient par leur conversation, ils ne virent pas qu'un oiseau les observait à travers les interstices des murs de bois.
Vers cinq heures du matin, poussé par un besoin naturel, Belin sortit du bâtiment pour aller se soulager.
Il s'éloigna un peu de la grange, et quand il eut trouvé un endroit favorable, fit ce qu'il avait à faire, tout en se demandant si un jour son copain elfe arriverait à le battre à leur jeu de « qui pisse le plus loin ». Un bruit étrange stoppa néanmoins ces considérations sportives.
Belin se rajusta immédiatement, sortit son épée du fourreau et tendit l'oreille.
Ce n'était pourtant qu'un bruit de pleurs, de pleurs de femme... si incongru en ce lieu ! L'humain braqua son regard dans la direction semblant être l'origine du bruit. Il vit une femme qui marchait sur le chemin, portant une longue robe. Ses cheveux bruns étaient lâchés et faisaient des vagues autour de son visage qui avait l'air très beau.
Le jeune homme, qui ne savait pas résister à une femme en pleurs, ne pensa même pas à aller réveiller son compagnon, mais courut droit vers la jeune fille, après avoir rangé son épée.
La dame s'arrêta quand elle le vit surgir de nulle part, l'air effrayée.
« Gente dame ! », s'exclama Belin. « Pourquoi pleurez-vous donc ? »
« Qui êtes-vous ? »
La voyant de plus près, Belin constata que ses yeux étaient bruns et ses oreilles pointues.
« Un chevalier en service pour le seigneur Caranthir », répondit Belin.
« Vous êtes un chevalier ? »
« Hum... Je sommes l'escuyer du seigneur Ecthelion d'la Fontaine, plus précisément. Avez-vous fait mauvaise rencontre, pour pleurer ainsi ? »
« Oh non, je pleure pour autre chose. A cause de mon fiancé... Il m'a trompée alors que nous allions bientôt nous marier. »
Belin écarquilla les yeux.
« Mais ce n'est point possible, les elfes ne font point ça ! »
« Et pourtant si... Je l'ai surpris nu avec une autre femme ! Oh, l'âme des hommes est si laide... Souvent, ils ont l'air beaux et avenants, mais ce n'est qu'une façade ! A l'intérieur, ils sont glissants et froids comme des reptiles, et leur peau est couverte de pustules. »
Belin avait l'air incrédule. Cela ne correspondait pas à ce qu'on lui disait des moeurs elfiques depuis qu'il était né. L'inconnue se rapprocha alors de lui, jusqu'à être tout près.
« Gentil chevalier », dit-elle, la voix brusquement radoucie, « je me suis aventurée un peu loin de chez moi, tandis que j'étais transportée par mon chagrin. Mon manoir n'est pas loin, un peu plus bas dans le val... Ne voudriez pas me raccompagner ? »
« Je ne sais point », hésita Belin, « il faudrait que j'en parle à mon sire Ecthelion... »
« Mais ce n'est vraiment pas loin... A une demi-heure de marche... Il suffit de descendre ce petit chemin creux. »
S'il n'était question que d'un chemin, pensa Belin. Il ne risquait pas de se perdre. Il pourrait même revenir en courant, avant qu'Ecthelion se réveille. Et cette jeune fille avait l'air tellement triste et belle et aimable et elle le regardait d'un air si engageant, comme si il lui plaisait...
« D'accord », dit-il en prenant un air brave. « Mais comment vous appelez-vous ? Moi mon nom est Belin. »
« Je m'appelle Morhiril. »
Ils descendirent le chemin. La jeune fille n'avait pas menti. Ils arrivèrent bientôt devant un manoir en pierres grises avoisinant une série de petits étangs. La vigne vierge avait grimpé sur les épais murs de granit, et des feuilles jaunes s'accumulaient sous les arbres et sur les eaux vertes.
« Me voilà chez moi. Comment pourrais-je vous remercier ? »
Elle le regardait intensément, l'iris brune de ses yeux révélant soudain, sous cet éclairage, des paillettes d'or.
« Ce n'est rien », dit Belin, gêné.
« Je peux au moins vous offrir à boire et à manger, quelque chose de chaud. »
« Mais messire Ecthelion va... »
« Je vous donnerai quelques provisions pour la suite de votre voyage, comme cela vous ne vous ferez pas disputer. »
Voilà qui était un argument... De plus, Belin avait du mal à ne pas interpréter positivement des paroles sortant de la bouche d'une jeune fille aussi aimable. Il hocha la tête et suivit la demoiselle à l'intérieur de la demeure. Celle-ci était étonnamment sombre et froide. L'humain se surprit à frissonner.
« Vous allez vous réchauffez près du feu... », lui dit la jeune fille, en lui caressant le bras.
Elle le mena dans la salle à manger, près de la cheminée, dont l'âtre flambait déjà.
« Installez-vous à table. »
Pendant qu'elle le servait (de cidre, d'oeufs frits, de bacon et de gâteau aux prunes), Belin observa la décoration. La damoiselle semblait aimer les chauves-souris, car il y en avait plusieurs statuettes sur la cheminée (mais c'était des chauves-souris elfomorphes, comme dirait Messire Ecthelion, car elles avaient un corps humain et tenaient un fouet). L'humain se sentit vite envahit par une douce torpeur. Tandis qu'il finissait son gâteau aux prunes, il laissa son regard s'attarder maintenant sur les tapisseries, qui représentaient toutes un grand chevalier noir. Belin avait l'impression qu'il avait déjà vu ce chevalier noir quelque part, mais son esprit était devenu tellement brumeux qu'il ne se souvenait plus où.
« Vous avez fini ? »
« Oui. C'était bien bon ! »
« Que diriez-vous de prendre un bain, maintenant ? Un bon bain chaud... Vous êtes tout froid et sali par votre voyage... »
Elle faisait glisser sa main sur son épaule.
« Oui... », répondit Belin.
Il se laissa guider dans une chambre où une grande bassine en laiton remplie d'eau et de pétales de rose n'attendait que lui. Se plonger dans l'eau chaude, après sa journée de voyage et sa nuit dans la grange, lui fit un bien incroyable.
La damoiselle se mit à le frotter avec du sel, en commençant par les épaules, puis descendit dans la région du torse.
« Vous avez un beau torse », dit-elle en frottant délicatement les pectoraux musclés.
« Messire Ecthelion me l'dit aussi quand il m'savonne. »
« Ah bon ? Votre sire vous savonne ? »
« Pour sûr, c'est mon meilleur ami... Et moi aussi j'le savonnons. »
La jeune femme fit la moue.
« Il n'aurait pas un faible pour vous, ce seigneur Ecthelion, pour vous dire des choses pareilles ? »
« Oh non... Messire Ecthelion n's'intéresse point t'aux choses de l'amour. Même si parfois il m'dit des choses bonnes, et ça m'fait l'coeur tout chaud comme un soleil. »
L'inconnue s'arrêta un instant, les yeux baissés et les yeux interrogateurs, comme si elle éprouvait de l'hésitation ou du regret.
Puis elle continua mécaniquement son massage, descendant dans la région du ventre, et Belin poussa un soupir d'aise. Le regard de la jeune femme changea à nouveau, pour retrouver sa résolution.
« Je dois vous avouer quelque chose... », dit-elle.
« Quoi donc ? »
« Vous me plaisez beaucoup. »
Et à la stupeur de son invité, elle défit sa ceinture et ouvrit sa robe, sous laquelle elle était complètement nue.
« B...b-b-b », se mit à bégayer Belin.
Il ne s'attendait pas du tout à ça, et surtout, c'était la première fois de sa vie qu'il voyait les seins nus d'une femme aussi près de lui. Agacée par son bégaiement, Morihil le fit taire par un baiser, puis l'entraîna vers le lit.
« Non, je ne peux point », dit Belin. « Messire Ecthelion m'attend et... »
Elle lui caressa la tête.
« C'est la première fois, n'est-ce pas ? »
Belin hocha la tête piteusement.
« Alors ce ne sera pas très long. »
Quand Ecthelion se réveilla, il fut étonné de ne pas voir Belin à ses côtés. Pensant qu'il avait dû sortir dehors, il alla jeter un coup d'oeil à l'extérieur de la grange. Mais il eut beau faire le tour des environs et regarder au loin, il ne le vit nulle part.
« Belin ! », appela-t-il plusieurs fois.
N'ayant aucune réponse, angoissé, il se mit à observer le sol. Les traces de l'humain furent aisées à identifier, car il avait la démarche lourde, comparativement à un elfe. Ces traces menaient droit vers le chemin creux qui descendait dans le val.
« Je n'aime pas ça du tout... », songea Ecthelion.
Il alla chercher son paquetage et se mit en route.
Belin avait l'impression d'être dans un rêve. Il était sur le lit avec la jeune femme maintenant complètement nue, et n'arrêtait pas de l'embrasser un peu partout.
« Bon », fit la femme, « maintenant vous m'avez assez embrassée. »
« Vous voulez que j'touche votre boîte à gants ? », demanda Belin.
« Ma quoi ? »
« Votre boîte à gants ? »
« Je ne comprends pas ce que vous me dites. »
« Alors votre tétin ? »
Sa partenaire fronça les sourcils. Pourquoi avait-il fallu qu'elle tombe sur un demeuré, aujourd'hui...
« Non. Maintenant mettez votre épée dans mon fourreau. »
Belin rougit comme une tomate.
« Vous comprenez ce que je vous dis, rassurez-moi ?! »
Le fils de meunier hocha la tête.
« Mais vous n'voulez point m'donner des basers, vous aussi ? », demanda Belin.
« Non », se plaignit la femme. « Dépêchez-vous, je n'ai pas que ça a faire de la journée. Allez, comme une bête ! »
Belin pensa aux observations qu'il avait pu faire des moeurs animales dans sa ferme natale. Son érection vacilla légèrement. Mais il se dit qu'il devait se montrer vaillant. Car cette fois-ci, c'était la bonne. Il allait faire l'Acte...
Il se positionna à la bonne hauteur, et les doigts autour de son...
« LACHE-LE, PECHERESSE ! », s'exclama soudain une voix qu'il connaissait bien.
Un carreau d'arbalète se planta dans un des montants du lit.
Les yeux de Morhiril devinrent entièrement rouges. Elle poussa Belin hors de la couche – l'humain disparut dans un flash de lumière.
« Quoi ? », fit le chevalier qui se tenait dans l'encadrement de la porte.
C'était Ecthelion.
La femme tendit à nouveau ses mains vers lui, et son arbalète explosa. Ecthelion se baissa pour éviter la deuxième salve, et dégaina sa lame.
La magicienne sauta à bas du lit. Toujours accroupi, son adversaire tenta de lui asséner un coup d'épée, mais à sa plus grande horreur, cette dernière se brisa en deux comme un vulgaire morceau de poterie.
« Non... », gémit Ecthelion.
C'était l'épée de son père. Le choc fut tel qu'il n'eut pas le temps de contrer ce qui suivit ; bientôt, les mains de la jeune femme furent autour de son cou, et elle le coucha sur le sol, et l'immobilisa en pesant sur lui.
« Alors c'est toi, la Sorcière qui faisait disparaître les soldats... », réalisa Ecthelion.
« Ils n'ont eu que ce qu'ils méritaient », dit Morhiril. « Ils sont devenus ce qu'ils sont réellement... »
« Quoi ? Vous avez tué Belin ? »
« Non... »
Elle fit glisser sa main gauche le long de sa cuirasse, et s'arrêta sous la ceinture.
« Où est Belin ? », répéta Ecthelion, le regard flamboyant.
« Ne t'inquiète pas pour lui, nous sommes tous les deux, maintenant... Belin est avec ses semblables, dans l'eau croupie et la vase... »
Elle frottait son entrejambe avec sa main.
« Que lui avez-vous fait ? », dit Ecthelion, déchiré par l'angoisse. « Où est-il ? »
La sorcière s'arrêta, les flammes s'étaient éteintes dans ses yeux.
« Vous n'êtes pas comme les autres », dit-elle.
« Je m'en fiche. Faites-moi ce que vous voulez, mais laissez Belin partir. »
« Oui, vous n'êtes pas comme les autres... »
Elle souriait, et des larmes coulèrent sur ses joues.
« Je vous ai attendu... »
« Quoi ? »
« On m'avait dit que vous viendriez... Le chevalier au coeur pur... »
Elle porta ses mains à ses yeux, et tout son corps se transforma en sable.
« Hein ? », s'exclama Ecthelion.
Il se releva, et regarda le petit tas de sable.
C'était tout ce qui restait de la sorcière du Thargelion – à moins que ce ne fût autre chose qu'une sorcière ? Ecthelion donna un coup de pied dans le sable, pour voir comment il réagissait. Rien.
« Bon débarras », conclut-il.
Puis il se mit en quête de Belin. Il fouilla la chambre, mais ne trouva rien.
« Elle a parlé de mare... », se rappela-t-il.
La fenêtre de la chambre, ouverte, donnait sur l'extérieur, et notamment sur un petit étang recouvert de feuilles mortes. Il y avait là une quantité incroyable de crapauds.
Ecthelion passa à travers la fenêtre, et se mit à observer tous les crapauds. Ils étaient quasiment indistinguables. Mais il y en avait un qui restait dans l'herbe, à l'écart des autres, l'air timide.
« Belin ! », s'exclama Ecthelion.
Le crapaud solitaire bondit jusqu'à lui, et fit d'étranges croassements rauques.
Le seigneur de la Fontaine le ramassa, et l'éleva au soleil pour mieux le regarder.
« Mon pauvre Belin... », dit-il.
Une petite larme perla à l'oeil du crapaud. Ecthelion lui flatta doucement la tête.
« Je vais trouver quelque chose pour que vous repreniez votre forme normale. J'irai voir un magicien... Et si rien ne marche je vous installerai une petite mare, dans notre appartement. »
Il le serra contre sa poitrine, et lui donna sur le front un petit baiser consolant.
Il y eut un flash, comme tout à l'heure dans la chambre, et Ecthelion vacilla sous le poids qui venait d'apparaître sur ses avant-bras.
« Messire, vous m'avez baisé ? »,s'exclama Belin, revenu à sa forme humaine, et complètement nu dans ses bras.
« Mais non j'vous ai pas baisé ! »
Il lâcha Belin, qui se mit alors à regarder son corps avec étonnement.
« J'suis bien content d'avoir retrouvé forme humaine ! J'ai cru qu'jallais rester un crapaud toute ma vie ! »
« Hum... Je crois que vous aviez laissé vos vêtements près de la baignoire », dit Ecthelion.
Ils rentrèrent dans la chambre, et Belin se rhabilla. Mais avisant le lit, celui-ci sembla se souvenir de quelque chose, et il eut l'air désolé.
« Messire, vous estes vraiment arrivé au mauvais moment quand j'étais avec cette sorcière... On allait juste faire l'Acte ! J'étions sur le point d'la mettre... Par l'bon dieu, j'suis maudit. J'n'y arriverai jamais ! »
Il se prit le visage dans les mains.
« Arrêtez de vous plaindre, vous n'avez que dix-huit ans », opposa Ecthelion. « Et ça se trouve, c'est dangereux de faire ça avec une sorcière. Qui sait comment elle était à l'intérieur... ça se trouve, ça vous l'aurait brûlée, ou blessée ! »
Cet argument sembla persuader Belin.
« Ce que je ne comprends pas », reprit Ecthelion, « c'est pourquoi elle vous avait transformé en crapaud... Ainsi que d'autres chevaliers, j'en ai bien l'impression. »
Il regardait la mare, par la fenêtre.
« Je sais pourquoi, messire. Elle disait que les hommes, à l'intérieur, ils étaient glissants et froids comme des reptiles. »
« Mais les crapauds ne sont pas des reptiles. Ce sont des amphibiens. »
Belin haussa les épaules. Puis il se mit lui aussi à regarder les crapauds.
« Vous croyez qu'on va devoir tous leur donner un baiser ? »
« Je crains bien que oui. »
Le lendemain, l'homme et l'elfe, suivis d'une troupe de chevaliers, se présentaient à la forteresse du lac Helevorn.
« Seigneur Caranthir, Talion et Galopin ! » annonça le héraut.
« Ecthelion et Belin », corrigea Ecthelion.
« Qui sont tous ces gens ? », s'enquit le fils de Fëanor.
« Vos gens », répondit le seigneur de la Fontaine, « que nous avons délivrés de l'enchantement de la sorcière. Et je ne voudrais pas dire, mais à chaque fois qu'on passe par chez vous, on se fait attaquer par des femelles en chaleur ! »
« Ah ! », s'exclama Caranthir. « Il va falloir m'expliquer tout ça. »
Ecthelion lui fit un bref résumé de leur aventure. Le seigneur du Thargelion, le visage empourpré, couva alors ses hommes d'un oeil sévère.
« Je ne vous félicite pas. Quel manque de continence. Se comporter comme des elfes sombres restés à l'état sauvage ! »
Puis il se tourna vers Ecthelion et Belin.
« Quant à vous, j'admire grandement votre courage. Laissez-moi vous dire que vos exploits seront récompensés à leur juste valeur... »
Belin jeta à Ecthelion un regard pétillant, un regard qui voulait dire : « A votre avis, combien de pièces d'or et d'objets magiques ? »
« L'amitié des fils de Fëanor vous accompagnera pour toujours », développa Caranthir.
Voyant que ce présent semblait ne pas déchaîner l'enthousiasme de ses invités, il reprit, pour couvrir le silence qui régnait dans le hall : « Ce que vous m'avez raconté au sujet de cette sorcière m'a fait brusquement souvenir de quelque chose. Il y a un siècle de cela, un de mes barons rompit ses fiançailles seulement quelques jours avant son mariage. En se liant avec une autre. Sa première fiancée les trouva ensemble, en pleine union. Elle se suicida en se noyant dans l'étang de son manoir. Il me semble que ce manoir était situé dans le val où vous vous êtes rendu. »
« Alors c'était une sorte de spectre, qui avait vendu son âme à Morgoth ? »
« Il semblerait que oui. Et d'après ce que vous m'avez dit, vous avez réussi à conjurer la malédiction qui tenait son âme prisonnière. »
Ecthelion et Belin passèrent la nuit au château, ayant besoin de récupérer physiquement et moralement avant d'entamer leur voyage de retour. Ils retirèrent tout de même quelque récompense pécuniaire de leur aventure, car les chevaliers qu'ils avaient délivrés leur offrirent toutes sortes de magnifiques présents.
Cependant, l'humeur du seigneur de la Fontaine était sombre. Il se demandait si les forgerons de Gondolin parviendraient à réparer l'épée de son père, que la sorcière avait brisée en deux.
Peu de temps après son retour dans la cité blanche, Ecthelion se rendit dans les forges d'Enerdhil, son épée brisée en main.
« Il faut que vous répariez mon épée ! », s'exclama le seigneur de la Fontaine.
« Je n'ai rien contre réparer cette épée, mais vous savez que le roi m'a déjà fait une commande importante. Je dois lui confectionner une lame spéciale, avec le minerai des mines de l'Est. »
« Mais vous le ferez après, dans ce cas ? »
« Le roi ne vous l'a pas dit ? »
« Qu'est-ce qu'il ne m'a pas dit ? »
« J'ai assez de minerai pour forger plusieurs épées. Il m'a demandé de vous en forger une nouvelle, en même temps que la sienne, pour vous récompenser de la réussite de votre aventure. »
« Mais ça ne m'intéresse pas ! », protesta le jeune elfe.
« C'est un grand honneur qu'il vous fait », dit Enerdhil.
« Je ne comprends pas pourquoi », répliqua Ecthelion. « Il ne m'aime pas et... Je me suis toujours battu avec l'épée de mon père. Je n'en veux pas d'autre. »
« Vous avez raison », répondit Enerdhil.
Il alla s'asseoir, et la lumière du matin mit des reflets d'argent sur ses cheveux noirs. Les cheveux du père d'Ecthelion étaient ainsi.
« Oui, vous avez raison », reprit le forgeron et orfèvre. « C'est l'épée de votre père, et elle a été forgée à Valinor. Vous devez la conserver. Mais ne désirez-vous pas posséder votre propre épée, à qui vous aurez donné votre nom ? Une lame forgée ici, à Gondolin, avec nos toutes dernières techniques. Sa lame brillera d'une lueur bleue quand des orcs approcheront. Ce sera votre épée, l'épée d'Ecthelion... »
Le jeune elfe alla réfléchir quelques heures, puis finalement, accepta l'offre d'Enerdhil et de Turgon. Il participa à la confection de son épée, qu'il baptisa du nom d'Orcrist, le Fendoir à Gobelins. L'épée du roi fut nommée Glamdring. Quant au minerai restant, Enerdhil avait trouvé à l'employer pour une troisième arme...
« Majesté, de ma propre initiative, et avec le minerai restant, j'ai cru bon de forger ceci. »
Il présenta l'objet.
« Cet élégant coupe-papier vous sera sans doute utile pour séparer les pages de vos manuscrits. »
« Quelle bonne idée ! », s'exclama Turgon. « C'est amusant, on dirait presque une épée pour un enfant... »
Il se tourna vers Penlodh, et lui murmura : « Je crois que je vais la garder pour mes futurs petit-fils. »